En dépit d'un temps pluvieux, nous étions une bonne trentaine de participants. Par chance la pluie a cessé à mi-parcours environ et c'est la marée montante qui nous a finalement poussé à rejoindre vers 17 heures notre point de départ.
Merci une fois de plus à Guillaume LESAGE pour ses photos. Je rajoute aussi quelques photos parmi celles que vient de m'envoyer Michel LALOI ce dimanche (voir à la fin).
... et sous la pluie (mais un peu moindre cependant... voyez que les parapluies sont rentrés...) que le groupe se met en route...
Ce sont les formations rouges de la base de l'Ordovicien que nous allons examiner : on les voit (sur cet extrait de la carte géologique Pontrieux Etables sur Mer) en brun dans la partie supérieure gauche où elles reposent sur le briovérien (en vert)
On voit ici la discordance entre le briovérien (à droite- âgé de 600 millions d'années environ) et l'ordovicien (à gauche dont l'âge est d'environ 470 millions d'années).
Leur couleur est rougeâtre et cela est dû à de l'oxyde de fer... les galets (plus ou moins arrondis) sont de taille et de nature variée (quartz en blanc-grés briovérien en gris-phtanite en noir-latérite en rouge).
Parmi les conglomérats rougeâtres et grossiers que nous venons d'examiner... on voit ici des sédiments fins et de couleur verdâtre... de plus ils sont curieusement plissés...
... j'explique que ce sont des plis synsédimentaires, c'est à dire formés alors que les couches fraîchement déposées étaient encore déformables.
Un peu plus loin, c'est un filon (du magma injecté dans une cassure) que l'on aperçoit (on le reconnait à sa couleur grise au centre de la photo)...
... et les conglomérats dans lesquels il se trouve sont plus fins que les premiers observés... et bien rouges également...
... on voit aussi que les galets les plus gros sont arrivés par vagues successives. J'explique que ce sont des cônes torrentiels qui sont à l'origine de ces conglomérats... et qu'ils s'en est formé plusieurs successivement.
Après avoir dépassé la cale du vieux Bréhec et longé un cordon de galets sur quelques centaines de mètres, nous voici arrivés sur une seconde formation... toujours ordovicienne mais un peu plus récente que les conglomérats... elle est constituée d'argilites.
La double coloration de ces argilites est remarquable... c'est l'état d'oxydation du fer contenu dans la roche qui détermine ces deux couleurs : oxyde ferrique pour le rouge et hydroxyde ferreux pour le vert (dont les parties les plus foncées contiennent aussi de la chlorite).
Ces argilites correspondent à de fins dépôts de vase... restés proches de la surface ces dépôts n'ont subi qu'une simple diagénèse (cimentation des particules)... pour devenir des schistes il aurait fallu que la formation descende à plusieurs kilomètres de profondeur.
... soit plus gros et plus isolés... ils sont plus riches en calcaire et plus durs aussi que les argilites qui se moulent sur eux indiquant qu'ils se sont mis en place en même temps que les dépôts de vase... plus loin ils forment parfois de véritables bancs.
... ce sont de polygones délimités par des fentes de dessiccation... ce qui indique des périodes d'émersion des dépôts.
Ces figures de dessiccation s'étendent parfois sur de grandes surfaces... et avec des couleurs variables.
C'est tout cela que le groupe examine... en faisant attention à ne pas glisser sur les roches mouillées !
Voici parmi les argilites un nouveau filon.. que l'on suit bien sur l'estran d'abord et dans la falaise aussi...
...le voici vu de près... la chaleur dégagée par le magma dioritique (qui s'est mis en place dans une profonde cassure...) a modifié la coloration des argiles à son contact.
... forment parfois ces curieuses figures nommées des "dendrites" et à ne pas confondre avec des fossiles !
Voici un peu plus loin une curieuse formation : elles est constituée par des dépôts très fins (millimétriques) et se répétant selon un certain rythme...
... d'où le nom de "rythmite" ou encore de "lamine" ou de "tidalite" qu'on lui donne... le dernier nom indiquant qu'ils sont en rapport avec les marées
Ces "tidalites" s'ornent elles aussi par endroits d'oxydes de fer ou de manganèse... et sont d'une grand fragilité.
Si elles sont conservées ici c'est parce que situées entre deux failles, elles sont en dépression par rapport aux argilites environnantes... on le voit au banc de grès sur lequel elles se trouvent (et dont tout un pan vient de s'ébouler).
Dès qu'elles arrivent en surface, les "tidalites" se brisent en mille morceaux... c'est leur âge (nous sommes toujours dans des formations d'enviro 470 millions d'années) qui est remarquable... elles indiquent aussi que nous sommes maintenant en milieu marin.
Sur ce bloc d'argilites (tombé de la falaise un peu plus loin...) on voit toujours des polygones de dessiccation...
Plus loin encore (nous sommes au fond de l'Anse de Padel... voici (toujours dans les argilites...) les fameux "confessionnaux".
De l'autre côté de l'Anse... au sommet des argilites commencent les grès... avec ces superbes traces de vagues (ripple marks)...
En allant vers la pointe de la Tour, les bancs de grès deviennent de plus en plus épais... et ici aussi ils s'éboulent facilement... mais la marée a limité notre progression. Le temps de repérer parmi les blocs sur l'estran ce curieux galets de dolérite altéré en boule... et nous prenons le chemin du retour.
En revenant par le chemin le plus court... nous repérons ces ripple-marks actuels... tout à fait comparables à ceux (vieux de 470 millions d'années) que nous venons de quitter...
Ansi se termine donc l'avant dernière sortie de l'année 2014 : un superbe coin et une remarquable balade dans le temps ! En 2010 le groupe "Patrimoine Géolgique 22" a déjà visité les lieux et le compte rendu est toujours sur le blog (faire catégorie "Géologie").
La dernière sortie de notre programme 2014 sera le samedi 6 décembre comme indiqué plus loin. Le programme 2015 est en préparation... les adhérents le recevront avec le prochain Râle d'Eau.
Quelques photos reçues de Michel LALOI ce dimanche
... dont les deux couleurs se voient bien sur cette photo... de même que les fractures dûes (comme je l'ai expliqué) à l'orogène hercynien.